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Japon : des mangas traduits grâce à l'IA, le métier de traducteur en danger ?  

Les mangas que vous lisez seront peut-être bientôt traduits par l'intelligence artificielle Les mangas que vous lisez seront peut-être bientôt traduits par l'intelligence artificielle. [©Richard A. BROOKS/AFP]

Au Japon, la start-up «Orange Inc» a annoncé mardi 7 mai prévoir d’accélérer la traduction de mangas grâce à l'intelligence artificielle. L'objectif est d’augmenter l’offre et de contrer les traductions pirates.

L’IA pourrait permettre d’augmenter drastiquement la traduction de mangas. C’est en tout cas l’objectif de la start-up japonaise «Orange Inc», qui veut faire appel à l'intelligence artificielle pour traduire les mangas, dans un premier temps en anglais.  

La traduction est actuellement un processus long et difficile pour de multiples raisons, comme les spécificités de la langue japonaise dans ces bandes dessinées, et le nombre limité de traducteurs professionnels par rapport à une offre foisonnante. 

Le total de mangas disponibles en anglais atteint 14.000 volumes par an, soit seulement 2% des volumes publiés chaque année au Japon, selon la start-up Orange.  

La société «Orange Inc», fondée en 2021, a annoncé mardi avoir bouclé une levée de fonds de 2,9 millions de yens (environ 17,5 millions d'euros) pour développer son outil d'aide à la traduction basé sur des modèles de «deep learning» (mode d'apprentissage automatique basé sur un réseau de neurones artificiels). 

La start-up, qui collabore notamment avec «Shogakukan», l’un des grands éditeurs du secteur, estime que l’outil permettra dès cette année de multiplier la traduction par cinq, pour atteindre 500 volumes par mois.  

Un gros marché du manga en France 

«Nous allons d'abord nous concentrer sur l'anglais et les Etats-Unis. À l'avenir nous voulons traduire dans d'autres langues étrangères, mais nous n'avons pas de plan concret pour le moment» là-dessus, a précisé à l'AFP Tatsuhiro Sato, vice-président du marketing chez Orange Inc. 

Le marché mondial du secteur a fortement progressé ces dernières années et devrait représenter plus de 42 milliards de dollars en 2030, soit un taux de croissance annuel moyen de 18%, selon une récente étude de la firme d'analyse Grand View Research. 

Si pour le moment la société souhaite s’orienter vers la traduction en anglais, nul doute que le français sera une source d’intérêt importante pour la société japonaise. Après le pays du soleil levant, la France est le deuxième consommateur mondial de manga. Presque 40 millions d'exemplaires ont été vendus en France en 2023.  

Quel avenir pour les traducteurs ? 

Revers de la médaille, le marché mondial des mangas piratés est lui aussi florissant : il pesait 5,5 milliards de dollars en 2022, selon CODA, l'association japonaise de distributeurs de contenus culturels nippons à l'étranger (mangas, anime, musique et jeux vidéo, etc.). C’est en grande partie pour lutter contre les traductions piratées que les sociétés pourraient de plus en plus faire appel aux IA.  

Cette nouvelle ne va pas vraiment ravir les traducteurs, qui ont parfois pris des années pour apprendre le japonais. Ils se retrouvent désormais menacés. Leur rôle pourrait se limiter à corriger le travail de l’IA, ce qui bien entendu constitue une perte d'intérêt pour ce corps de métier.

À long terme, avec le développement des intelligences artificielles, le métier pourrait peu à peu disparaître, même s'il reste pour l'instant primordial, au moins pour opérer la transition.  

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